H. Pena-Ruiz : "Le pape, sa mère et les caricatures" (Libération , 28 jan. 15)
Henri Pena-Ruiz, ancien membre de la commission Stasi sur l’application du principe de laïcité. - 29 janvier

"Citons le pape François le 19 janvier : « Si un grand ami parle mal de ma mère, il peut s’attendre à un coup de poing, et c’est normal. On ne peut provoquer, on ne peut insulter la foi des autres, on ne peut la tourner en dérision. » En voulant faire de la pédagogie sur les limites de la liberté d’expression, le pape François se livre à des caricatures qui jouent sur l’amalgame et la confusion.

D’une part, il met sur le même plan une insulte personnelle (parler mal de Regina María Sivori, sa mère) et un dessin caricatural ciblé sur une religion. D’autre part, il établit une équivalence entre ce dessin, représentation fictionnelle, et une violence physique réelle : donner un coup de poing. Certes, il y a loin du coup de poing à la rafale de kalachnikov, mais ici le registre de la violence semble validé comme juste réponse à une dérision par signes (« C’est normal », ose-t-il dire). On se demande alors quelle portée peuvent bien avoir les condamnations verbales de la violence données en préalable.

Le pape, au passage, gomme la chronologie de l’histoire réelle. Car ce n’est pas la caricature qui est première et le meurtre second, mais l’inverse. Il faut rappeler que les caricatures de Charlie relayaient celles de caricaturistes danois après l’assassinat, le 2 novembre 2004, du cinéaste Theo Van Gogh, auteur du film Submission, portant sur la domination des femmes dans un contexte islamiste. Et par le dessin satirique elles ne visaient pas les musulmans en général mais un prophète qui justifierait le meurtre. Pas d’amalgame, donc, entre personnes musulmanes et fanatisme religieux.

On est donc consterné devant une comparaison qui, sans légitimer le meurtre lui-même, ose lui trouver des circonstances atténuantes. Deux fautes simultanées. D’une part, l’incroyable confusion entre la mise en cause d’une religion et l’insulte à une personne comme telle. D’autre part, une étrange conception de la justice, puisque le pape d’une religion dite d’amour trouve justifié qu’en cas d’insulte personnelle, on se fasse justice à soi-même par une violence physique. Nous sommes loin de la parabole de la joue tendue.

Mais il y a plus grave, la volonté implicite de pénaliser le blasphème par une sorte de chantage : « Pour éviter les violences criminelles, respectez la religion ! » D’où la question : qu’est-ce qui est respectable ? Issu d’un mot latin qui désigne le regard empreint de considération (respectus), le respect s’applique aux personnes et non aux choses ou aux croyances. C’est le sentiment qu’un être humain, comme tel, mérite des égards. Bref, ce qui est respectable, c’est la personne humaine et sa liberté, non sa conviction particulière.

Ainsi, par exemple, le propos de Philippe Tesson insultant les musulmans comme tels (« Les musulmans amènent la merde en France aujourd’hui. ») relève de l’injure raciste, puisqu’il met en cause non une conception religieuse mais un groupe de personnes en raison de leur religion. De façon similaire, toute dérision portant sur la Shoah fait insulte à la mémoire douloureuse des Juifs comme tels, et vaut délit. Il n’y a donc pas deux poids deux mesures pour une chose identique, mais deux choses rigoureusement distinctes au regard du droit. Les dessins satiriques de Charlie Hebdo, quant à eux, n’ont jamais visé les personnes ou les groupes de personnes comme tels.

Il faut d’ailleurs en finir avec les mots pièges qui amalgament la critique d’une religion à l’insulte des croyants. Le terme d’islamophobie est de ceux-là puisqu’il cherche à établir la confusion entre rejet d’une religion et rejet de ses fidèles. Le seul délit incontestable est le racisme qui vise les musulmans, c’est-à-dire la mise en cause d’une personne ou d’un groupe de personnes du fait de sa religion.

Dans le même esprit, l’antisémitisme est à l’évidence un délit, mais la judaïsmophobie, si l’on entend par là le rejet de la religion de certains juifs, ne pourrait être confondue avec le racisme anti-juif. Imaginons enfin que les athées, ulcérés d’être considérés comme des vecteurs d’immoralisme, inventent le terme athéophobie et proclament que toute caricature de l’athéisme est un délit. Nombre de religieux ne se privent pas de telles violences polémiques, et ils en ont le droit tant qu’ils ne visent qu’une conviction.

Un croyant est libre de croire en Dieu, un athée libre d’affirmer un humanisme sans dieu. Le croyant et l’incroyant sont également respectables comme être humains libres. Ils peuvent coexister, mais à la condition que l’option de l’un ne s’impose pas à l’autre. L’athée peut donc critiquer la religion, et le croyant l’athéisme. La psychologie du fanatisme refuse quant à elle cette distinction car elle rejette toute distance entre la personne et sa conviction. Elle exige donc le respect des croyances et pas seulement celui des personnes croyantes. Comme si la croyance, inséparable de l’être, collait à sa peau. D’où le délit de blasphème, qui entend pénaliser toute critique d’une religion en prétendant qu’elle insulte les personnes croyantes comme telles.

Face à cela, l’éducation doit promouvoir la distance à soi, contrepoison du fanatisme. Montaigne, contemporain des guerres de religions, rappelait : « Il ne faut pas confondre la peau et la chemise. » Arrêtons de dire qu’en cultivant une telle distance intérieure, on installe les gens dans la schizophrénie ! L’apologie de la spontanéité indûment confondue avec l’authenticité est dangereuse. Chaque personne peut assumer librement sa foi religieuse ou son athéisme, mais sans oublier qu’elle est aussi dépositaire d’une humanité universelle. L’incitation laïque à la retenue et à la distance intérieure est source de paix : elle inspire le respect de l’autre sans exiger pour autant le respect de son opinion.

La loi commune, fondée sur le droit, ne peut dépendre d’aucune croyance particulière, car elle doit valoir pour tous. Bayle : « Il n’y a de blasphème que pour celui qui vénère la réalité blasphémée. » On voit bien que la laïcité n’est nullement antireligieuse. Simplement, elle consiste à rappeler que la religion ne doit engager que ses adeptes, et eux seuls.

Le fanatisme religieux, on l’a vu, est prêt à noyer dans le sang le droit à la vie et la liberté d’expression. Ne lui donnons aucune excuse. Et ne mélangeons pas tout en prétendant que l’islam étant par ailleurs la religion de beaucoup d’opprimés, des égards particuliers seraient dus à l’islamisme politique.

Double confusion, là encore. S’en prendre à l’islamisme, ce n’est pas s’en prendre aux musulmans, qui en sont souvent les premières victimes. Pas d’amalgame. Par ailleurs, on ne résout pas une injustice sociale en taisant l’exigence laïque. Les grands registres d’émancipation vont de pair, comme le soulignait Karl Marx en faisant l’éloge de l’œuvre à la fois laïque et sociale accomplie par les Communards de Paris en 1871. Bref, arrêtons d’imputer à la laïcité les exclusions qui relèvent de problèmes économiques et sociaux ou de mentalités encore marquées par l’idéologie raciste. Et traitons ainsi les deux grandes questions de l’intégration républicaine sans erreur de diagnostic.

 

Dernier ouvrage paru : « Dictionnaire amoureux de la laïcité », éd. Plon, 850 pp., 25 € (Prix national de la laïcité 2014 du Comité Laïcité République)."

Lire: Le pape, sa mère et les caricatures".

 

 

Lire aussi "Religions contre liberté d’expression : le pape tient un discours dangereux" (RSF, 16 jan. 15)(note du CLR).

www.laicite-republique.org/religions-contre-liberte-d.html

Dernier ouvrage paru : « Dictionnaire amoureux de la laïcité », éd. Plon, 850 pp., 25 € (Prix national de la laïcité 2014 du Comité Laïcité République)."

Lire: Le pape, sa mère et les caricatures".

 

 


Le sport, une école de la vie

Nul ne peut échapper à l'introspection que les événements tragiques du début d'année appellent. La gravité des attaques perpétrées à l'encontre du socle de valeurs républicaines qui soude notre Nation, doit être l'occasion d'un regard nouveau, sans tabou, sur nos politiques publiques. Certaines réactions de complaisance à l'égard du fondamentalisme témoignent de l'urgence d'un regard lucide sur l'affaiblissement des promesses républicaines d'équité et de cohésion sociales sur nombre de nos territoires où le « vivre ensemble » n'est plus qu'un slogan.

Le champ du sport est un outil essentiel des politiques publiques par les valeurs qu'il véhicule et par la place qu'il occupe dans le parcours de socialisation de nombreux jeunes. Il ne peut, lui non plus, échapper à ces questions.

Le sport est un formidable moteur d'intégration républicaine. Il porte par essence des valeurs indispensables à la cohésion sociale : la loyauté, le respect des règles et de l'autre, de celui qui encadre ou regarde, le dépassement de soi, le plaisir de participer, avec les joies de la victoire et les affres de la défaite.

Le sport illustre, autant qu'il nourrit, la nature fraternelle de l'identité française. Elle est belle, notre France, lorsqu'elle donne à l'épéiste guyanais Ulrich Robeiri ou à la judoka d'origine togolaise Clarisse Agbegnenou l'occasion de dominer le monde dans leur discipline. Elle est éclairée cette France qui porte Tony Parker et Zinedine Zidane au pinacle des sondages des personnalités préférées des Français.

Pour autant, dans les faits, ce que le sport peut porter de plus noble ne trouve pas à se concrétiser sur l'ensemble de notre territoire. Il nous faut entendre les inquiétudes que formulent certains éducateurs sportifs. Les acteurs du sport de nos quartiers les plus difficiles sont des témoins privilégiés de phénomènes de communautarisation et d'accroissement des violences au sein même des clubs sportifs, là où devraient se gommer les différences, se transmettre le respect. Je n'accepte pas que des clubs finissent par n'être ouverts qu'à une culture, une confession, une origine ethnique, et rompent avec leur rôle de mixité sociale.

Les collectivités locales, le mouvement sportif français, des milliers d'associations sont déjà engagés dans une mission d'insertion par le sport, depuis de nombreuses années et avec constance. Il faut saluer le courage et le mérite de ces milliers d'éducateurs, d'entraineurs et responsables qui agissent avec passion auprès de notre jeunesse. C'est de leur expérience, de leurs initiatives innovantes, de leurs réussites que nous devons nous inspirer. Une ambition nouvelle, collective, doit donc être impulsée à leurs côtés par les pouvoirs publics.

Pour jouer pleinement son rôle, le sport doit être accessible à tous sur tout le territoire de la République. L'enjeu des équipements de proximité est donc primordial. Trop de jeunes se retrouvent désœuvrés faute d'activités culturelles ou sportives. Sur les quartiers prioritaires de la politique de la ville, l'accès à des équipements sportifs, et plus globalement aux services publics, doit être pleinement appréhendé dans les politiques de renouvellement urbain. Si nous voulons agir vite et fort, dans le respect de nos équilibres financiers, la mobilisation de financement innovants et de partenaires privés pour développer une offre d'équipements sportifs legers au plus près de nos territoires devra être imaginée et mise en œuvre.

Les équipements ne sont cependant rien sans les hommes et les femmes qui, au quotidien, font vivre les valeurs du sport. Leur mise en place implique dont aussi un maillage fin de structures, d'associations, et surtout d'encadrants dont je souhaite que la formation et la qualification fassent l'objet de mesures nouvelles en lien avec les fédérations.

Cela impose tout autant, j'y serai extrêmement attentif, une vigilance constante quant au respect de la laïcité. Les signes religieux n'ont pas leur place sur un terrain de sport. L'uniformité des tenues sportives traduit l'universalisme des valeurs sportives. Peu de lieux peuvent s'enorgueillir de réunir autant de cultures, confessions, origines ou identités.

Lorsque j'étais adjoint au Maire chargé des sports d'une grande ville, j'ai pu mesurer le poids de revendications communautaristes, souvent hostiles à la mixité hommes-femmes, dans les modes d'attribution des créneaux horaires des équipements sportifs ou des lignes d'eau de nos piscines. Je crois dans les vertus du dialogue et de la pédagogie sur la laïcité, mais ne dissimulons pas qu'il existe une complaisance de certains élus locaux.

Sur tous ces sujets, lorsque dans nos clubs sportifs la laïcité est dévoyée, lorsque des mécaniques de violence ne sont plus enrayées, lorsque des phénomènes de communautarisation se font jour, nous devons être fermes. Une réflexion doit en ce sens être engagée avec les fédérations sportives, avec les élus locaux, pour nous permettre de mieux identifier ces situations et déterminer les moyens adaptés pour les prévenir avant de les sanctionner.

Il nous faudra aussi réinterroger l'action de l'Etat au niveau local. Le Centre National de Développement du Sport (CNDS), qui intervient sur les équipements mais aussi auprès de milliers de clubs et associations, doit mieux prioriser ses financements et prévenir toute forme de saupoudrage. La culture de l'évaluation doit être renforcée. Je sais que le terme effraie. Mais les projets les plus exemplaires en termes d'apprentissage de la citoyenneté, ceux qui font vivre les valeurs de la République, doivent être mieux accompagnés.

Sur ces sujets, et bien d'autres, beaucoup de chantiers sont à ouvrir. Ils nécessitent des temps d'échanges nombreux que nous multiplierons dans les prochaines semaines avec le monde sportif.

Devant la représentation nationale, le Premier ministre a tenu un discours de vérité sur les défis qui se présentent à nous. Les politiques éducatives, de jeunesse, sportives, et de la Ville, doivent être mobilisées ensemble pour faire vivre la promesse républicaine.

 

Thierry Braillard

Secrétaire d'État aux Sports, membre du Conseil exécutif du Parti Radical de Gauche

Article du HuffIngtonpost/Le Monde Publication:

 


Mossoul et les grands autodafés de l'Histoire

 

Daech (État islamique) vient de brûler 2000 livres au sein de la bibliothèque de la ville irakienne. Cette destruction systématique des biens culturels par des intégristes a déjà marqué l'humanité de nombreuses fois.

 

Parmi ses multiples exactions, l'État islamique aurait détruit plus de 2000 livres de la bibliothèque de Mossoul, la deuxième ville d'Irak. Raison invoquée par ces intégristes: ces ouvrages éducatifs, scientifiques ou dédiés à la jeunesse «appellent à la désobéissance de Dieu». En clair, ils ne correspondent pas à l'idéologie prônée par Daech.

Selon Associated Press, les «combattants» ont brûlé depuis un mois des livres pour enfants, des recueils de poésies, des ouvrages de philosophie et des titres scientifiques sur la santé et le sport ainsi que des journaux du début du XXe siècle. Seuls les livres sur l'islam auraient échappé aux flammes.

Cet autodafé n'est malheureusement pas le premier. L'histoire de l'humanité est jalonnée par la destruction des livres. «Là où l'on brûle les livres, on finit par brûler des hommes», disait l'écrivain et poète Heinrich Heine. Car, les livres, comme les biens culturels, sont bien plus que des symboles, ils représentent l'ouverture au monde, la diversité des cultures et des civilisations, des savoirs, les connaissances et les doutes. Tout le contraire d'une idéologie bornée qui veut imposer son point de vue unique.

Dans un livre passionnant titré Histoire universelle de la destruction des livres (avec un sous-titre où il était déjà question d'Irak: De l'anéantissement des tablettes sumériennes aux destructions de bibliothèques en Irak, publié chez Fayard), l'auteur Fernando Baez rappelle cette triste et constante histoire qui remonte à l'anéantissement des tablettes sumériennes, il évoque le saccage des grands classiques grecs, l'obsession d'«uniformité» de l'empereur chinois Shi Huangdi, les papyrus brûlés d'Herculanum, les abus de l'Inquisition, la censure d'auteurs tels que D.H. Lawrence, James Joyce ou Salman Rushdie, les autodafés des nazis… On en passe et des pires. Ce livre fort instructif démontre que, loin d'être détruits par ignorance, les livres sont anéantis par volonté d'effacement de la mémoire et de l'histoire, c'est-à-dire de l'identité des peuples. Un peu comme les Staliniens effaçaient des visages de certaines photographies, pour réécrire l'Histoire à leur manière.

Pourquoi brûle-t-on les livres?

La question peut paraître simpliste mais elle a un sens. En effet, pourquoi les intégristes brûlent-ils les livres et ne se contentent-ils pas de les jeter à la poubelle, d'y mettre de l'acide ou de les enterrer, le résultat étant le même? «Parce que c'est une manière exemplaire, impressionnante de manifester sa haine de la culture», explique au Figaro François Boespflug, professeur émérite à l'université de Strasbourg, spécialiste de l'histoire comparée des religions. Et de souligner: «Brûler des livres sur la place publique, c'est renouer avec une certaine idée d'une cérémonie sacrificielle. On signifie par là qu'on brûle l'impureté, qu'on tend à la purification des esprits. Et, bien sûr, on choisit les livres éducatifs et scientifiques qui, selon eux, pervertiraient la notion de puissance divine.» François Boespflug ajoute que brûler plus de 2000 livres comme l'aurait fait l'État islamique à Mossoul est une manière spectaculaire de démontrer sa puissance.

Sans remonter à l'Inquisition, voici quelques exemples d'autodafés.

● 2013: les manuscrits de Tombouctou

En janvier 2013, dans le nord du Mali, des islamistes tentent de brûler les précieux manuscrits de Tombouctou. Parmi les intégristes, on retrouve pêle-mêle, les rebelles touaregs du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) et des groupes d'Aqmi, al-Qaida au Maghreb islamique qui considèrent comme «impies» la centaine de milliers de manuscrits uniques datant de plusieurs siècles écrits en arabe et en peul, trésor de l'humanité puisque classés par l'Unesco au patrimoine mondial. Grâce à l'intervention d'institutions et de femmes et d'hommes de bonne volonté, près de 90 % de ces manuscrits seront sauvés et numérisés pour beaucoup d'entre eux.

● 2010: le Coran et l'évangéliste

Le 11 septembre 2010, jour anniversaire des attentats du World Trade Center, un pasteur évangéliste met le feu aux poudres en brûlant publiquement un Coran. Au nom de la liberté d'expression, les autorités américaines ne peuvent rien faire contre cet homme. Partout dans le Moyen-Orient ont surgi des réactions de colère, avec des drapeaux américains brûlés lors de manifestations.

● 1998: les talibans détruisent 55.000 livres rares

En Afghanistan, en 1998 et durant trois ans, les talibans, après avoir vandalisé des statues de Bouddha, s'attaquent à la destruction systématique de plus de 55.000 livres rares et de grande valeur historique. Ils ne préservent que des textes coraniques.

● 1992: le «mémoricide» de la Bibliothèque de Sarajevo

En août 1992, la Bibliothèque nationale et universitaire de Sarajevo est complètement détruite. D'après Bernard Gauthier, cet établissement possédait environ un million de volumes, dont 150.000 livres rares et manuscrits, ainsi que des collections irremplaçables de périodiques bosniaques (33.000 titres). Dans le Bulletin des bibliothèques de France, Gauthier raconte que La bibliothèque a brûlé pendant trois jours, du 25 au 28 août, après avoir été prise pour cible par les extrémistes serbes assiégeant la ville. Des employés de la bibliothèque et des volontaires sont parvenus à sauver un certain nombre de livres précieux, malgré les tirs des snipers, qui ont mortellement touché une bibliothécaire. Seuls 10 % des collections ont échappé à cette destruction; les catalogues imprimés et sur fiches, les systèmes informatiques ont également disparu. «Ainsi, un ensemble inestimable de documents témoignant du patrimoine et de l'histoire commune des différentes communautés bosniaques a été anéanti», explique Bernard Gauthier dans le Bulletin des bibliothèques de France. Et d'ajouter: «La destruction de la Bibliothèque nationale et universitaire de Sarajevo est devenue le symbole de la dévastation systématique du patrimoine bosniaque. Car cet anéantissement n'est que l'élément le plus spectaculaire de ce que l'on a pu dénommer un ‘mémoricide'.»

● 1933: le premier autodafé nazi

Dès 1933, tous les livres contraires à «l'esprit nazi» ont été brûlés dans plusieurs bibliothèques allemandes, d'abord à Berlin, puis dans d'autres grandes cités (Munich, Nuremberg, Hanovre…). Parmi les auteurs honnis, Sigmund Freud, Karl Marx, Stefan Zweig, Erich Maria Remarque, Albert Einstein,… Le site Herodote.net rappelle que le 10 mai 1933 au soir, à Berlin, des étudiants nazis ont brûlé deux camions de livres, soit 20.000 ouvrages qualifiés «d'écrits juifs nuisibles». Joseph Goebbels, ministre de la Propagande du Reich, était présent. D'autres manifestations de ce genre étaient planifiées partout dans le pays. Toute la culture était visée. Notamment les œuvres des artistes dits «dégénérés», tels Van Gogh, Picasso, Matisse, Cézanne et Chagall, sont bannies des musées.

 

Source: LE FIGARO CULTURE


Galerie de photos : JE SUIS CHARLIE

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Le PRG regrette que la laïcité soit la grande absente des propositions faites par le Premier ministre

mercredi 21 janvier 2015

Le Premier ministre Manuel Valls a détaillé ce matin les propositions du gouvernement pour renforcer la lutte contre le terrorisme. Guillaume Lacroix, Secrétaire général du PRG, se félicite des mesures adoptées et espère qu’elles feront consensus.

« Nous restons aux côtés du gouvernement pour apporter des réponses concrètes et rapides qui doivent parer à l’urgence sécuritaire actuelle. Toutefois nous regrettons qu’aucune annonce significative n’ait été formulée concernant la défense, le renforcement et la promotion du principe de laïcité pourtant indispensable si l’on veut apporter une réponse efficace à la montée de l’intégrisme et du terrorisme dans notre pays ».

Jean-Michel Baylet, Président du Parti Radical de Gauche, adressera dans les prochaines semaines au Premier ministre et au Président de la République nos propositions sur le sujet.

 

Lutte contre le terrorisme pour les radicaux de gauche, la laïcité n’est pas une option, elle est LA solution !

mercredi 14 janvier 2015

Lors de la séance des Questions au Gouvernement de ce mercredi 14 janvier, Olivier Falorni, député de Charente-Maritime, très applaudi par Joël Giraud et ses collègues, s’est exprimé au nom des députés du groupe PRG/ RRDP pour interpeller le ministre de l’Intérieur sur les suites à donner en matière de lutte contre le terrorisme. Ils ont été fiers d’être des citoyens français dimanche car c’est le peuple qui a guidé la Liberté, fiers ce mardi d’être des députés de la République unis dans une communion républicaine en hommage aux victimes et aux forces de l’ordre meurtris par les événements de l’attentat de Charlie Hebdo et de ceux qui ont suivi.

Une chose est certaine : la France est en guerre contre l’islamisme radical ! Il ne faut pas permettre l’apologie du terrorisme, ne pas confondre débat et délit, prison et poison, détention et contagion.

L’islamisme est le cancer de l’Islam et les musulmans en sont les premières victimes.
A cette occasion les radicaux de gauche ont réaffirmé leur attachement à la laïcité qui pour eux n’est pas une option, elle est LA solution !

Le ministre Bernard Cazeneuve a rappelé combien il était capital de ne laisser aucun morceau du territoire à l’écart de nos valeurs et de ne pas laisser la place aux plus petites paroles de haine qui peuvent circuler notamment sur internet.

Ecouter la question et la réponse :

https://www.youtube.com/watch?v=cgE103xLkME&feature=youtu.be

 

Jean-Michel Baylet tient à saluer l’intervention du Premier Ministre

jeudi 8 janvier 2015

Le Premier ministre Manuel Valls s’est exprimé ce jeudi 7 janvier en réaction à l’attentat qui a touché le siège de Charlie Hebdo.
Jean-Michel Baylet tient à saluer l’intervention du Premier ministre sur France Inter et son appel a l’unité nationale déjà exprimé hier par le Président de la République, François Hollande.
Le Président du Parti Radical de Gauche appelle tous les français à ne pas sombrer dans la peur et la division. Nous devons nous rassembler autour des valeurs qui nous unissent, celles de la République, et combattre inlassablement l’obscurantisme et l’intolérance. L’heure est désormais à la lutte. Dans ce combat, l’esprit français, la mobilisation de chacun, la force du socle républicain, du vivre ensemble, l’attachement à la liberté sont nos meilleures armes. Les terroristes ne gagneront jamais. La France, la République, est inviolable, indestructible.
Les radicaux de gauche souhaitent rendre hommage à la mobilisation du peuple français, à toutes celles et ceux qui s’expriment et se sont rassemblés spontanément depuis hier pour honorer la mémoire des victimes et montrer à ces terroristes que, malgré leur barbarie, le peuple français continuera à rester debout et à porter fièrement, partout dans le monde, l’étendard de la République.

 



LA SATIRE BLESSE, MAIS NE TUE PAS.

C’est l’histoire d’un hebdomadaire avec un tirage de quelques dizaines de milliers d'exemplaires, un hebdomadaire menacé, ciblé, qui se retrouve au centre de l’information mondiale, mais ce n'est pas n'importe quel hebdomadaire, c'est un hebdo satirique du nom de: Charlie, "Charlie Hebdo".
C'est l'histoire d'une fusillade en plein Paris, une attaque terroriste des plus barbares, qui a eu lieu mercredi 7 janvier, dont l'objectif était de tuer des journalistes et de " tuer Charlie Hebdo », causant la mort de douze personnes - huit collaborateurs de l'hebdomadaire satirique, dont cinq dessinateurs, un invité du journal, un agent d'entretien et deux policiers - abattues par armes lourdes, les unes après les autres de façon méthodique, "coupables" du crime de libre expression, de caricature et d’information, victimes - au sein même de leur rédaction - d'un crime terroriste contre la démocratie, fait pour frapper les esprits, de façon symbolique et par la même, le coeur de la France et des français, qui bat au rythme du mot liberté.
C'est l'histoire d'une presse satirique française qui résiste et manie depuis longtemps l'ironie et l'humour noir au détriment des politiciens et des religions, jouant un rôle important dans la démocratie de l'Hexagone et cela n'a jamais été considéré comme un crime ici.
C'est l'histoire de la liberté d’expression, une valeur supérieure qu’on ne peut restreindre ou limiter, pas même des extrêmistes au nom d'une religion, cherchant à nous plonger dans le chaos et la terreur !
C'est notre histoire à tous et pour sortir de cette terreur, faire honneur à ces victimes courageuses, il faut rester un peuple debout et ne pas fléchir... La  meilleure des armes avec le stylo ou le crayon.
Ne pas être passif, c'est montrer sa solidarité. La cohésion du peuple français est nécessaire aujourd'hui encore pour faire face. Pour nous en sortir, nous devons être tous solidaires... humains d'abord.

 

LH, le 8/01/2015
 


Les soutiens s'organisent pour que « Charlie Hebdo » vive

Le Monde.fr | 08.01.2015

https://www.lemonde.fr/societe/article/2015/01/08/les-soutiens-s-organisent-pour-que-charlie-vive_4551681_3224.html

« Le journal va continuer [...] parce que ce n'est pas la connerie qui va gagner », a assuré en larmes Patrick Pelloux, chroniqueur pour Charlie Hebdo, jeudi 8 janvier.

 

Sur son site, Viapresse.com, spécialiste de la vente de presse magazine sur Internet, encourage également à la souscription d'abonnements, « parce que Charlie Hebdo ne cède pas aux menaces de mort. Parce que Charlie Hebdo ne cède pas aux attentats. Parce que Charlie Hebdo n'est pas soumis à Dieu. »

Pour s'abonner, c'est ici: https://www.viapresse.com/abonnement-magazine-charlie-hebdo.html

 



 

LIBERTE DE LA PRESSE

La liberté de la presse est un principe fondamental du système démocratique reposant sur la liberté d'expression et d'opinion.

Ses origines remontent à la Revolution Française.C'est le 26 Août 1789 que l"Assemblée Cosntituante arrive à un accord: la déclaration des droits de l'homme et du citoyen est rédigée. C'est le premier texte de loi français instaurant la liberté de la presse grâce à son article 11: "la libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme: tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement (...). Cette loi sera suivie par la création de nombreux journaux.

Cependant il faut attendre la IIIème République pour que soit adoptée le, 29 Juillet 1881, une loi entièrement vouée à la liberté de la presse... Cette liberté est aujourd'hui reconnue grâce à la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de 1948.

 

Il y a quelques temps encore la presse, les politiques et les chroniqueurs s’embrasaient au sujet de Charlie Hebdo et de sa couverture provocante, les uns criant au respect des croyances de chacun, les autres à la sacro-sainte liberté d’expression.
Depuis la publication des caricatures de Mahomet en 2006, le journal était l’objet de menaces constantes et faisait l'objet d'une protection policière depuis fin 2011. Créé en 1970, Charlie Hebdo est le descendant de publications dans le même esprit, nées au début des années 1960 et n'est pas mort.

 

Parce que le crayon sera toujours au dessus de la barbarie…

 

Parce que la liberté est un droit universel…

 

SOUTENONS...


 


 

Liberté (Paul Eluard)

Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom

Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom

Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom

Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nom

Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J’écris ton nom

Sur tous mes chiffons d’azur
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J’écris ton nom

Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom

Sur chaque bouffée d’aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom

Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom

Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J’écris ton nom

Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J’écris ton nom

Sur la lampe qui s’allume
Sur la lampe qui s’éteint
Sur mes maisons réunies
J’écris ton nom

Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J’écris ton nom

Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J’écris ton nom

Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J’écris ton nom

Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J’écris ton nom

Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom

Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom

Sur l’absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom

Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom

Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer

Liberté.